J'avais écrit cet article l'année dernière à l'occasion de la toussaint et je le fais remonter car c'est une page d'histoire qu'il ne faut pas oublier.
Ce sont les moines de l'abbaye Saint-Sauveur de Redon qui exploitèrent en premier lieu les salines de Pen-Bron. La première chaussée pour accéder à l'extrémité de la pointe fut construite entre 1707 et 17233.
Puis en 1824, un industriel, François Deffès, fonda une conserverie, dans laquelle étaient conditionnées dans des boîtes de fer blanc, des sardines à l’huile d’olive pêchées dans le port de La Turballe.
Par la suite, le bâtiment situé à l'extrémité sud de la presqu'île, devient un atelier d'équarrissage, puis un magasin de sel, ceci jusqu'en 1882-1883 où il sera désaffecté.
Quelque temps plus tard, Hippolyte Palu (1833-1921), ancien officier, natif de Troyes, vétéran de la guerre de Crimée, devenu inspecteur des Enfants-Assistés (c'est-à-dire abandonnés) à Niort, dans le Gers, puis à Nantes (dès 1878), découvrit les bienfaits du climat marin de la région sur la santé des jeunes enfants atteints de tuberculose osseuse. C'est l'époque de l'hygiénisme, la médecine lutte contre la tuberculose avec l'hydrothérapie marine et les bains de mer.
Mû par un idéal humaniste, Hippolyte Palu se saisit de la cause des enfants pauvres et malades et décide de porter son projet pour l'Assistance Publique.
Avec l'aide d'une communauté de religieuses des sœurs de Saint Vincent de Paul, il fonde le 31 octobre 1887 l'Œuvre Nationale des Hôpitaux Marins, nom donné au sanatorium dans les locaux de l'ancienne usine.
L'établissement est géré par l’association des œuvres de Pen Bron. Au départ, on réaménage les bâtiments existants et on construit des bâtiments annexes en bois. L'hôpital est reconnu d'utilité publique en 1893 grâce la publication d'un article de Pierre Loti dans Le Figaro.
Dès lors, les dons affluèrent rapidement, ce qui permit l'acquisition de terrains aux abords de l'ancienne conserverie et la construction de l'essentiel des bâtiments actuels entre 1894 et 1910, sur les plans de l'architecte nantais Georges Lafont, assisté d'André Chauvet.
Le centre n'échappait pas au décès de jeunes enfants venus ici pour guérir mais trop atteints par ce mal qu'est la tuberculose, pour certains d'entre eux la vie les a fui, ici à Pen Bron.
Avant la création de ce cimetière, le transport des corps se faisait en canot pour rejoindre la ville, un parcours laborieux pour pouvoir enterrer ces enfants au Croisic.
Les formalités devaient se faire à la Turballe C'est en Novembre 1890 qu'il fut pris la décision de créer un cimetière à Pen Bron. Il a été convenu que celui ci soit érigé dans la dune, proche du Centre et les autorisations furent données en 1901.
http://www.les-enfants-de-pen-bron.fr/article-35253439.html
un blog qui raconte l'histoire des enfants de Pen Bron
Photo Wikipedia
Bernard Clavel auteur de Fleur de Sel écrivit dans la préface de son livre des mots touchants, des mots simples et troublants…
"A deux ou trois sabotées au nord de Pen Bron, vous découvrirez un jardin d'enfants plus émouvant que tous les crépuscules. C'est un petit enclos entouré de granit et d'une haie de fusains taillés ras et qui sont là pour que le vent ne morde pas directement le sol, pour que ce jardin ne s'ensable pas trop rapidement.
Un tamaris torturé par le souffle puissant de l'océan marque l'entrée.
Six marches de pierre descendent à la grille qu'on ne ferme jamais.
Les enfants qui sont ici ne s'en iront pas, et nul ne viendra les déranger. Au centre de l'enclos, une religieuse de quatre vingt six ans veille sur eux qui dorment en écoutant la grande voix de la mer.
Chacun a son petit rectangle de sable entouré de planches. Une croix de bois peinte en blanc y est plantée qui porte une date, un âge et un nom. Ils sont là, une centaine. Roger, cinq ans ; Yvette, deux ans ; Simon, dix ans ; Christiane, trois ans; Françoise, six mois ; Denis sept ans ...
Ils ne sont pas tristes. Ils ont cessé de l'être. Ils ont le sable et le soleil, et cette bonne soeur qui ne les quitte pas. cette bonne soeur qui leur montre sans doute des chemins de lumière, des sentiers sans épines et bordés de fleurs plus lumineuses que celles de l'ajonc doré, plus parfumées que les minuscules points multicolores de cette flore des marais ou viennent butiner quelques abeilles sauvages"
MORIN Paul & CLAVEL Bernard : Fleur de Sel - les marais salants de la presqu’île guérandaise. (Edition du Chêne, 1975 réédition en 1985)
Photo Wikipedia - Tombes d'enfants
Tombe de soeur qui veille sur eux ....
Outre le cimetière des enfants de Pen Bron, La Turballe compte deux cimetières. Le cimetière de Trescalan situé près du Belvedère et le cimetière historique de La Turballe. Celui-ci se divise en 4 parties ; il y a l'ancien cimetière composé de 4 carrés, le nouveau séparé par un mur du premier, le pourtour et l'extension, soit au total près de 1 200 tombes. Dans ce cimetière, sont enterrées les plus anciennes familles de Turballais. Auparavant, jusqu'en 1865, c'était à Guérande que les Turballais étaient inhumés.