ATELIER DE PEIGNAGE DE LAINE EN 1783
La laine devait etre préparée avant d'etre filée :
le peignage représentait l'une des étapes indispensables de cette préparation.
Une fois la matière lavée et mise en cordons, l'ouvrier peigneur ouvrait ces derniers et les passait entre les dents d'un peigne chauffé sur les braises - pour augmenter la flexibilité du poil -
puis graissé dans du beurre - afin de faciliter le démélage.
La quantité de beurre utilisée était impressionnante : pas moins de 6000 livres étaient nécessaires pour fabriquer 20 Kilos de laine.
En France, Tourcoing s'imposa comme la capitale du peignage : au XIX Siècle, les peigneurs représentaient près de 40% des ouvriers de la ville.
PEIGNEUR DE LAINE :
Draps, habits, tapisseries : la laine offre du fil à démêler dans les campagnes comme dans les villes, depuis le berger jusqu’au marchand drapier. En soumettant les fibres de laine aux dents
longues et acérées de son outil, le peigneur participe modestement mais fermement à son apprêt.
TOURCOING, REINE DU PEIGNAGE
L’emploi du peigne est attesté dès l’époque romaine, mais les témoignages sur ce métier sont rares. La cathédrale de Chartres nous donne une représentation d’un peigne pour le lin au VIIIème
siècle. Le peignage concer-ne les fibres longues : il se développe à la Renaissance, avec la vogue des étoffes fines et des draperies.
Dès le XVIème siècle, Tourcoing devient le centre indiscutable du peignage dans le Nord. Malgré les interdictions de fabriquer des draps imposées par Lille, Tourcoing poursuit sa production
et obtient, en 1534, une dérogation de vingt-cinq métiers à étoffes. La lutte avec Lille reste farouche et explique sans doute la spécialisation de Tourcoing dans les opérations textiles
préliminaires.
Pendant leur heure de gloire aux XVIIIème et XIXème siècles, les peigneurs représentent entre 30 et 45 % des professions de l’arrondissement.
PETITE ETAPE DANS LA VIE DE DAME LAINE
Les laines longues de Hollande qui arrivent à Tourcoing sont préparées pour être filées. Toutes les opérations, jusqu’à l’apparition des machines, se font à la main. Les laines sont lavées
avec de l’eau de mares ou de pluie, séchées sur l’herbe et portées dans les magasins. Là, les ouvriers coupent la pointe des mèches qui restent collées par le crottin et le suint. D’autres ouvriers
trient les laines, mèche par mèche, et en font des tas de qualités différentes. Les laines ainsi préparées sont lavées une seconde fois dans des lessives alcalines chaudes. On en fait des cordons
qu’on tord pour les égoutter. Les peigneurs prennent ces cordons encore humides, les ouvrent, les passent dans les dents d’un peigne successivement présenté sur un brasier ardent et trempé dans une
jatte pleine de beurre. Le peigneur enlève les flocons de laine, les nœuds, la poussière et tous les corps étrangers. Il dispose les brins dans leur longueur et opère une première préparation ou
filature. Les poignées, d’un mètre de longueur, sont expédiées sous cette forme aux négociants qui les font filer dans les campagnes environnantes.
LE TEMPS DE MACHINES
Le peignage s’est mécanisé assez tardivement. En 1792, la machine de Cartwright ne se diffuse que très lentement en raison de l’effondrement économique du pays. Cette peigneuse, faisant
passer la production quotidienne de 3 kg à 65 kg environ, bouleverse cependant les conditions de production et donc de vie des peigneurs. D’autres machines s’imposent par la suite, reprenant les
mouvements du peigneur. Plus régulières que l’ouvrier, elles permettent un peignage de qualité supérieure. Le peignage en atelier se développe rapidement.
À Croix, par exemple, il emploie 175 peigneurs en 1856, plus de 1 000 après la guerre de 1870 et 17 000 à la fin du siècle. La production suit le même développement : 227 000 kg vers 1854,
plus de 6 millions de kilos vers 1894. Ces usines importantes, implantées dans des villages, modifient en quelques années les structures traditionnelles et viennent gonfler la population.
Extrait du chapitre concerné, dans l’ouvrage Les métiers d’autrefois, de Marie-Odile Mergnac, Claire Lanaspre, Baptiste Bertrand et Max Déjean, Archives et Culture. Famille | guide |
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